Scandale de corruption au Parlement européen

Eva Kaili, une vice-présidente grecque du Parlement européen (du groupe S&D des socialistes et démocrates), a été inculpée et écrouée ce dimanche en Belgique, ainsi que trois autres personnes, pour « appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption ». On les soupçonne d’avoir accepté de l’argent du Qatar pour redresser l’image de l’Emirat et influencer les décisions de l’assemblée européenne. Eva Kaili n’a pu bénéficier de son immunité parlementaire car l’infraction a été constatée « en flagrant délit » – elle était en possession de sacs de billets.

Le parti socialiste grec l’a exclue de ses rangs dès vendredi, suivi par le groupe S&D. Dès samedi, la présidente du Parlement Roberta Metsola, revenue en urgence de Malte, son pays d’origine, a décidé de suspendre avec effet immédiat tous les pouvoirs, devoirs et tâches qu’elle avait délégués à l’élue grecque. Au cours de la quinzaine de perquisitions opérées, la police a mis la main sur quelque 600.000 euros en liquide ainsi que sur du matériel informatique et des téléphones portables en cours d’analyse. L’affaire a envoyé une onde choc au Parlement. Les eurodéputés se repassent désormais le film du débat et du vote, fin novembre dernier, d’une résolution condamnant les violations des droits humains au Qatar.

Des eurodéputés S&D et d’autres groupes avaient voté contre. Dans l’hémicycle, Eva Kaili avait estimé que l’émirat était « un pionnier en matière de droits du travail » et jugé que les Européens « n’avaient aucun droit moral de lui faire la leçon ». Des déclarations qui avaient suscité des remous. « Il y a toujours eu des eurodéputés aux votes étonnants, qui refusent par exemple de s’associer à des résolutions contre des dictatures, mais c’est pour des raisons personnelles ou idéologiques, relève un expert du Parlement. Si jamais on découvre ici des achats de vote organisés, ce sera un énorme choc. » Samedi, le domicile d’un autre eurodéputé socialiste, belge celui-là, a été perquisitionné. La question se pose désormais de savoir si le scandale va s’étendre.