Le Qatar investira 10 milliards d’euros dans l’économie française d’ici 2030

L’émir Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a accédé au trône en 2013, a été reçu mardi à l’Elysée par Emmanuel Macron pour un entretien, suivi de la signature d’accords et d’un dîner d’Etat. Au premier jour de cette visite, la première d’un émir qatari depuis 15 ans, les deux dirigeants ont annoncé un accord portant sur des engagements d’investissements qataris à hauteur de 10 milliards d’euros dans l’économie française à l’horizon 2030.

Ces investissements concerneront « les jeunes entreprises innovantes et les fonds d’investissement en France ainsi que ceux étroitement liés à l’économie française, au bénéfice mutuel des deux pays », a précisé l’Elysée. Des secteurs ciblés seront la transition énergétique, les semi-conducteurs, l’aérospatial, l’intelligence artificielle, le numérique, la santé, l’hôtellerie et les industries culturelles et créatives. Jusqu’à présent, les investissements qataris portaient surtout sur l’immobilier, la finance, le sport, ou encore l’industrie du luxe. Il devrait donc s’engager dans des secteurs plus innovants via son fonds souverain, la Qatar Investment Authority (QIA). Sur la période 2022-2023, le commerce bilatéral entre la France et le Qatar a déjà atteint plus de 6,4 milliards d’euros.

Cependant, aucun nouveau contrat n’a été annoncé lors de cette visite, y compris lors du forum d’affaires présidé par les Premiers ministres Gabriel Attal et Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani qui se tenait mercredi à Paris. L’événement, qui réunissait les principaux acteurs de certains de ces secteurs-clés comme les transports, le tourisme et l’intelligence artificielle. Dans les couloirs du forum, Pascale Sourisse, directrice générale de Thales international, explique ainsi avoir discuté avec les Qataris d’équipements dans les aéroports, de solutions de contrôle du trafic aérien, de protection contre les drones… « Le forum est une occasion unique pour les entreprises des deux pays d’identifier les secteurs porteurs », se réjouit Natalie Demol, présidente de Qadran, le cercle économique franco-qatari qui co-organisait le forum. C’est dans cet objectif que l’association, créée en 2015, fait voyager chaque année des délégations dans des régions françaises et au Qatar.

Selon Philippe Gautier, directeur général de Medef International, les entrepreneurs français sont « moins avancés au Qatar qu’aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite». Pourtant, le Qatar a l’avantage de ses inconvénients : « C’est un petit pays donc c’est facile d’identifier les principaux acteurs, qui sont plutôt francophones et francophiles, remarque Philippe Gautier. Et ils veulent limiter l’impact carbone de leur production de gaz, montrer qu’ils traitent bien les salariés… Ils vont dans la bonne direction. » Avec cette visite d’Etat, le Medef international espère que les Français « passeront un nouveau cap » : « Nous pouvons répondre à leurs besoins dans la technologie, les infrastructures, l’hospitality, le haut de gamme… et eux peuvent trouver de la diversification avec des placements dans des fonds français », souligne Philippe Gautier.

Au-delà des questions économiques, l’échange entre Emmanuel Macron et Tamim ben Hamad Al-Thani a aussi été l’occasion de discuter des grands dossiers internationaux, en particulier de la guerre entre Israël et le Hamas, dans laquelle le Qatar s’est imposé comme un médiateur incontournable. Les deux dirigeants « ont reconnu l’urgence et la nécessité d’une augmentation significative de l’accès et des flux d’aide humanitaire dans l’ensemble de la bande de Gaza », souligne l’Elysée. La France et le Qatar ont encore fait parvenir lundi, via l’Egypte, 75 tonnes de fret, dix ambulances, des rations alimentaires ainsi que près de 300 tentes familiales.