Le pétrole finit par plonger après l’Opep+, le Brent sous 80 dollars

Les pays producteurs de pétrole réunis au sein de « l’OPEP+ » ont décidé, à l’issue de leur 37e rencontre ce 2 juin, de prolonger durant l’année 2025 leur accord relatif à la production de brut. Dans les faits, cette production va augmenter. Les producteurs de l’OPEP+ (qui réunit depuis 2016 les membres de l’OPEP et des alliés pour davantage peser sur les cours) ont reconduit pour l’année 2025 un volume global de production de référence de 39,725 millions de barils de pétrole brut par jour (Mb/j), dont 24,135 Mb/j pour les pays membres de l’OPEP et 15,59 Mb/j pour les producteurs hors OPEP(1). Soit un peu moins de 38% de la production totale de pétrole attendue en 2025 selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (104,5 Mb/j).

Suite à cette annonce, les cours ont chuté, le marché étant déçu que le groupe relâche progressivement certaines de ses limitations de production malgré l’absence de signes tangibles d’amélioration de la demande. Les prix du brut plongeaient lundi, le marché interprétant désormais la réunion de l’Opep+ dimanche comme baissière pour les cours du pétrole, le groupe ayant annoncé mettre fin à une de ses strates de réduction de production dès octobre. Vers 14H25 GMT (16H25 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, cédait 2,65% à 78,93 dollars, glissant sous les 80 dollars pour la première fois depuis février. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en juillet, perdait 2,86% à 74,79 dollars.

Cette réunion dans un format hybride inédit, à la fois en visioconférence et en présentiel à Ryad, capitale saoudienne, a permis de préciser quand le groupe envisage l’abandon de sa politique de réduction de l’offre. Dans le détail, les membres de l’Opep+ réduisent actuellement leur production sur trois niveaux: à l’échelle du groupe d’abord, avec des objectifs de production officiels réduits de 2 millions de barils par jour (mbj) depuis la fin 2022. Ces quotas officiels ont été étendus jusqu’à fin 2025.

Viennent ensuite des réductions volontaires de certains membres, annoncées en avril 2023, de l’ordre de 1,65 mbj au total, reconduites elles aussi jusqu’à fin 2025.

Enfin, huit membres (l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Algérie, l’Irak, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et la Russie) ont procédé à des réductions volontaires supplémentaires à hauteur d’environ 2,2 mbj en novembre 2023. A l’issue de la réunion de dimanche, ces réductions supplémentaires ont été étendues jusqu’à fin septembre 2024 avant que ces barils soient réintroduits progressivement au cours des 12 mois suivants.

En résumé, les trois coupes de l’Opep+ totalisent un peu moins de 6 mbj, et sont toutes reconduites jusqu’en septembre 2024. Ce montage complexe, qui aboutit finalement à un statu quo avec une reconduction du niveau de production actuel à court terme, semblait initialement laisser de marbre les cours du brut. Les Émirats arabes unis ont obtenu cependant un relèvement de leur quota officiel de production de 300.000 barils par jour, qui sera mis en place de façon progressive de janvier à septembre 2025.

Avec la fin des réductions volontaires supplémentaires et l’augmentation de l’objectif de production des Émirats arabes unis, l’Opep+ pourrait réintroduire 2,5 mbj de septembre 2024 à septembre 2025. Les prix pourraient fléchir davantage en 2025 « si l’Opep+ agit comme prévu.

Le 38e sommet des producteurs de l’OPEP+ est prévu le 1er décembre 2024. Le réexamen des quotas de production de chaque membre devrait quant à lui être discuté fin 2025. Malgré des dissensions, l’OPEP+ a réussi à relativement bien contrôler le marché pétrolier. La prochaine étape importante pour la cohésion du groupe sera l’attribution des nouveaux quotas pour 2026.

Pour rappel, l’ OPEP+ » désigne un groupe de 23 pays producteurs de pétrole : les 13 pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et 10 autres producteurs dont la Russie. Ces pays se concertent régulièrement depuis fin 2016 afin de soutenir les cours du pétrole en mettant en commun leurs efforts de réduction de la production. Ils ont compté pour près de 51% de la production mondiale de pétrole en 2020 selon l’AIE.
Les 13 pays membres de l’OPEP sont, par ordre de production : l’Arabie saoudite, l’Irak, les Émirats arabes unis, l’Iran, le Koweït, le Nigéria, la Libye, l’Algérie, l’Angola, le Venezuela, le Congo, le Gabon, et la Guinée équatoriale.
Les 10 autres pays producteurs réunis au sein de l’OPEP+ mais non membres de l’OPEP sont, toujours par ordre de production : la Russie, le Mexique, le Kazakhstan, Oman, l’Azerbaïdjan, la Malaisie, Bahreïn, Brunéi, le Soudan, le Soudan du Sud.