L’opération Aspides a été lancée le 19 février par l’Union européenne, avec un mandat d’un an. Elle vise à sécuriser la navigation marchande en mer Rouge, dans le Golfe d’Aden et jusqu’à la zone nord-ouest de l’Océan Indien. En mer Rouge principalement, des navires marchands sont, depuis fin 2023, la cible d’attaques de rebelles houthis, qui disent agir en solidarité avec la population palestinienne. Cette vague d’attaques a fortement perturbé cette zone très fréquentée, chaînon crucial du commerce mondial.
L’opération européenne Aspides n’effectue aucune attaque sur terre. Elle a une mission purement défensive : escorter les navires marchands, les protéger contre d’éventuelles offensives, et surveiller la situation. Avec pour objectif de préserver autant que possible la liberté de navigation pour le commerce et d’éviter un étalement du conflit israélo-palestinien dans toute la région. L’opération est commandée depuis un quartier général opérationnel dans la ville grecque de Larissa. Le 4 mai encore, une frégate de la Marine nationale française a abattu un drone kamikaze (ou munition téléopérée – MTO) lancé par les rebelles houthis contre un groupe de trois navires de commerce, aux abords du détroit de Bab el Mandeb.
Cette opération (mais aussi l’opération « Gardien de la prospérité » sous commandement américain) a cependant mis en lumière quelques insuffisances des forces navales qui y contribuent, plusieurs navires ayant connu des soucis…
Ainsi, les débuts de la frégate allemande Hessen dans l’opération Aspides ont été marqués par un incident au cours duquel elle a tenté d’abattre – sans succès – un drone qu’elle n’était pas parvenue à identifier avec deux missiles surface-air SM-2. Il s’est avéré par la suite qu’il s’agissait d’un MQ-9 Reaper américain, qui, apparemment, n’avait pas activé son système IFF (identification ami ou ennemi). En outre, il a également été rapporté que cette frégate avait eu des ennuis pour tirer des missiles RIM-162 ESSM. Cependant, cela ne l’a pas empêché par la suite d’intercepter un missile antinavire et de détruire deux munitions téléopérées [MTO] ainsi qu’un drone de surface.
La frégate danoise Iver Huitfeldt a été contrainte de revenir plus tôt que prévu à sa base, après avoir été mise en danger par le dysfonctionnement entre son radar APAR et son système de gestion de combat C-FLEX, lequel l’a empêché de tirer des missiles RIM-162 ESSM lors d’une attaque houthie. En outre, plusieurs tirs effectués par ses deux tourelles de 76 mm ont manqué d’efficacité à cause de la qualité dégradée de ses obus, en dotation depuis trente ans…
La frégate belge Louise-Marie a aussi été confrontée à une déficience technique, laquelle a retardé de quelques jours son déploiement au sein d’Aspides. A priori, lors d’un entraînement censé simuler l’attaque d’un drone aérien, un missile surface-air RIM-7 Sea Sparrow serait resté coincé dans sa cellule de lancement. La frégate a toutefois rejoint samedi la mer Rouge et l’opération européenne Aspides à laquelle elle pendant un peu plus de cinq semaines à la mission Aspides en mer Rouge. Elle poursuivra avec deux semaines dans le détroit d’Ormuz dans le cadre de la mission Agenor, une participation qui était déjà prévue de longue date.
Le navire de soutien logistique néerlandais Zr.Ms. Karel Doorman vient de s’ajouter à cette liste. Devant rejoindre Aspides, tout en étant susceptible d’apporter un appui aux navires engagés dans l’opération Gardien de la prospérité, ce bâtiment a appareillé le 21 avril dernier et mis le cap vers la mer Rouge. Il devait fournir du carburant aux autres navires en mer Rouge jusqu’à fin août au plus tard. Mais le navire a rencontré des problèmes techniques avec l’un des systèmes d’armes, ce qui a suspendu sa route vers la zone d’opération.