En 2022, les commandes passées par l’Arabie saoudite auprès de l’industrie française de l’armement n’ont représenté que 164,9 millions d’euros, soit le plus faible niveau constaté au cours des dix dernières années. Cependant, ces derniers mois, les échanges entre Paris et Riyad se sont multipliés, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane, a été reçu à deux reprises par le président Macron à l’Élysée en moins d’un an. Puis, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu s’est ensuite rendu en Arabie saoudite avant d’accueillir, à Paris, son homologue saoudien, Kalid ben Salman. Celui-ci a profité de l’occasion pour rencontrer plusieurs dirigeants de la base industrielle et technologique de défense française, dont Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation.
Et pour cause : en octobre 2023, il fut rapporté que Riyad avait demandé un devis pour l’achat de 54 chasseurs-bombardiers Rafale, faute de pouvoir se procurer des Eurofighter Typhoon supplémentaires auprès de Londres, à cause d’un veto (depuis lors levé) mis par Berlin sur les ventes d’armes destinées à l’Arabie saoudite…
En outre, le ministre adjoint saoudien de la Défense, Talal Bin Abdullah Al-Otaibi, a rencontré, à Paris, le général Fabien Mandon, le chef de l’état-major particulier du président de la République, ainsi que Patrick Pailloux, le directeur du cabinet civil et militaire du ministre des Armées. « Au cours des réunions, les relations stratégiques entre les deux pays amis ont été passées en revue », a ainsi fait savoir le ministère saoudien de la Défense, via un communiqué diffusé le 2 mai. Et celui-ci de préciser que les discussions ont notamment porté sur la « la coopération en matière de défense et des moyens de l’améliorer et de la développer ».
En outre, le responsable saoudien a rencontré les PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, celui de Naval Group, Pierre-Éric Pommellet, et celui de MBDA, Éric Béranger. Il a également visité plusieurs sites industriels, dont les chantiers navals de Lorient et de Cherbourg, où il été informé des capacités du constructeur naval français dans le domaine des sous-marins.
L’intérêt porté à Dassault Aviation et à MBDA par le vice-ministre saoudien de la Défense laisse supposer que le Rafale est toujours en course [ou qu’il est même le favori] pour moderniser la force aérienne royale saoudienne. Et que les discussions sur une possible commande semblent s’accélérer.
En revanche, les visites des chantiers navals de Cherbourg et de Lorient, où sont fabriquées les frégates françaises sont plus surprenantes. En effet, l’Arabie Saoudite a déjà signé une lettre d’intention pour se procurer cinq nouvelles frégates auprès de Navantia mais une lettre d’intention n’est pas un contrat en bonne et due forme. Mais surtout, l’Arabie saoudite envisage de se procurer au moins cinq sous-marins depuis plus d’une dizaine d’années. En 2013, il était question d’une commande auprès de l’Allemagne, pour 2,5 milliards d’euros, ce qui fut démentipar la suite par ThyssenKrupp Marine Systems. Mais cet intérêt fut confirmé en février 2019, avec la signature d’un protocole d’accord entre Naval Group (DCNS à l’époque) et le groupement public des industries militaires saoudiennes [Sami] en vue de créer une coentreprise dédiée à la production et au développement de systèmes navals, dont les sous-marins.