Accord entre TotalEnergies et l’Irak pour un contrat de 10 milliards d’USD

La Compagnie française des pétroles, ancêtre de Total, est née en Irak avec l’exploitation d’un premier champ en 1924. Près d’un siècle plus tard, la major française, rebaptisée TotalEnergies , fait son grand retour dans un pays dont elle était largement sortie depuis. Les négociations ont été longues et ponctuées de multiples rebondissements. Mais le méga-contrat entre TotalEnergies et l’Etat irakien est finalement sauvé. Le groupe français a annoncé ce mercredi s’être enfin mis d’accord avec les autorités pour la mise en oeuvre d’un contrat de 10 milliards de dollars dans le pays.

« Le gouvernement irakien et TotalEnergies ont confirmé l’ensemble des termes du Development & Production Contract signé en 2021 et défini conjointement les conditions et les assurances mutuelles nécessaires », affirme le communiqué.

Ces dernières semaines, Bagdad avait fait état de désaccords profonds entre les deux parties. Selon plusieurs médias irakiens, Patrick Pouyanné avait écourté un rendez-vous avec le Premier ministre, Mohammed Chia al-Soudani, et son ministre de l’Energie, claquant la porte au bout de dix minutes. L’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, soutien du gouvernement, avait même indiqué dans « Le Figaro » qu’en l’état, le ministère de l’Energie ne signerait pas l’accord. Et un média irakien faisait état d’un départ imminent des équipes de TotalEnergies. L’Etat irakien souhaitait accroître sa participation dans le projet, à 40 % contre 25 à 30 % prévus initialement.

« Nous investissons pour vingt ans, donc si le contrat doit changer au bout de deux ans, cela signifie que nous n’y allons pas », avait déclaré, de son côté, Patrick Pouyanné, il y a deux semaines. Finalement, les partenaires ont trouvé un terrain d’entente : la Basrah Oil Company, propriété de l’Etat, prendra 30 % de l’ensemble, TotalEnergies conservant 45 %. Le consortium accueille aussi QatarEnergy, à hauteur de 25 %.

TotalEnergies a salué dans le communiqué « la continuité de la parole de l’Etat d’Irak sur ce contrat, ce qui envoie un signal fort et positif pour les investissements étrangers dans le pays ». L’Irak, riche en pétrole et en gaz, fait pourtant face à d’importants dysfonctionnements de son réseau électrique, avec des coupures régulières. Il entend ainsi mieux exploiter ses ressources.

TotalEnergies doit récupérer le gaz torché sur trois champs pétroliers irakiens afin d’alimenter en gaz des centrales électriques et d’améliorer la fiabilité du réseau. Il va aussi construire une usine de traitement d’eau de mer. L’eau récupérée et injectée maintiendra la pression de champs pétroliers « afin d’augmenter la production régionale ». Un autre projet vise à augmenter la production du champ pétrolier d’Artawi, dans le sud du pays, de 85.000 barils par jour actuellement à 210.000 barils quotidiens.
Une centrale solaire géante

Enfin, TotalEnergies va construire une centrale solaire géante, d’une capacité de 1 GW, « destinée à alimenter le réseau électrique de la région de Bassorah » selon le communiqué. L’entreprise saoudienne ACWA participera à ce projet.

Lors de la signature du contrat, en 2021, l’Etat irakien avait annoncé que les investissements pourraient se monter, in fine, à 27 milliards d’euros en incluant les dépenses d’exploitation. Un montant qui n’a pas été confirmé depuis. Les dirigeants irakiens avaient alors parlé du « plus gros investissement d’une entreprise occidentale » dans le pays. Le contrat devrait renforcer les positions de TotalEnergies en Irak. Le groupe, présent en Irak depuis les années 1920, mais dépassé depuis par les pétroliers américains et chinois notamment, possède une participation dans le champ d’Halfaya, ainsi que dans un bloc d’exploration