Les dirigeants européens ont surmonté leurs divergences pour appeler à une « pause humanitaire immédiate conduisant à un cessez-le-feu durable » à Gaza, quelques heures avant que les États-Unis ne soumettent au vote des Nations unies une résolution appelant à une trêve et à un accord sur les otages sans délai face à la menace d’une famine.
La déclaration de l’UE, faite lors d’un sommet à Bruxelles jeudi en fin de journée, marque la première fois depuis octobre que les dirigeants européens se sont mis d’accord sur une déclaration concernant le Proche-Orient. Le projet de résolution des États-Unis, qui sera soumis au vote du Conseil de sécurité des Nations unies vendredi matin, reflète également l’urgence de la position de Washington. C’est la première fois que l’administration Biden propose une formulation appelant à un « cessez-le-feu immédiat », bien qu’elle continue à lier une trêve à un accord sur les otages.
Le Conseil votera sur la résolution américaine au moment même où les chefs de la CIA et du Mossad, William Burns et David Barnea, devraient arriver au Qatar vendredi dans l’espoir de conclure un accord insaisissable de trêve contre otages entre Israël et le Hamas.
La déclaration de l’UE appelle à la « libération inconditionnelle de tous les otages » par le Hamas, mais ne subordonne pas sa demande d’arrêt des opérations militaires israéliennes à la conclusion d’un accord. À Bruxelles, Charles Michel, président du Conseil européen, a déclaré que les 27 États membres de l’UE avaient adopté « une déclaration forte et unifiée sur le Moyen-Orient », qui appelle notamment à « un accès humanitaire total et sûr à Gaza ».
Le texte de l’UE, composé de huit paragraphes, exprime une profonde inquiétude quant au « risque imminent de famine causé par une entrée insuffisante de l’aide dans la bande de Gaza ».
Un diplomate européen a déclaré que le changement de langage des États-Unis dans leur projet de résolution a contribué à ouvrir la voie à un consensus de l’UE sur une déclaration européenne, permettant à des pays tels que l’Autriche et la République tchèque de « revoir leur position ».
L’administration Biden a fait valoir qu’un cessez-le-feu inconditionnel nuirait à la pression exercée sur le Hamas pour qu’il libère ses prisonniers, capturés lors de son attaque du 7 octobre contre Israël, au cours de laquelle des centaines de civils ont été tués. Si les négociations sur les otages à Doha échouent, l’administration Biden sera confrontée à un dilemme : continuer à insister sur le lien entre les otages et un cessez-le-feu alors qu’un groupe d’experts des Nations unies a clairement averti cette semaine qu’une famine catastrophique était imminente dans la bande de Gaza.
La déclaration européenne de jeudi soir a renforcé le consensus parmi les alliés de Washington sur le fait qu’un cessez-le-feu inconditionnel doit être mis en œuvre avant un accord sur les otages, si nécessaire, face à une catastrophe humanitaire.
À l’ONU, l’envoyé français, Nicolas de Rivière, a déclaré : « Le nombre de morts s’élève à environ 32 000 hommes et femmes. Il faut que cela cesse maintenant. C’est pourquoi j’encouragerai le Conseil de sécurité à agir avant la fin de la semaine, avant le week-end. Chaque fois qu’il y a une crise dans le monde, la première chose que le Conseil de sécurité demande, c’est un cessez-le-feu, puis des discussions. C’est ce que nous devons faire pour Gaza également. Il ne devrait pas y avoir d’exception. »
Un diplomate européen à l’ONU a déclaré que l’accent mis sur un cessez-le-feu « immédiat » et l’expression « à cette fin » témoignaient d’une évolution significative de la position américaine. « Je pense qu’il s’agit d’un changement dans le sens où un cessez-le-feu ne dépend pas d’un accord spécifique ».
Le changement de langage des États-Unis accroît également la pression sur le gouvernement israélien, qui insiste pour mener une nouvelle offensive sur la ville de Rafah, au sud de Gaza, malgré les fortes objections des États-Unis.
Les négociations sur les otages à Doha s’efforceront de combler le fossé persistant entre les positions de négociation des deux parties. Israël a rejeté la proposition du Hamas de libérer les otages en échange d’un accord qui mettrait fin à la guerre. Israël se concentre plutôt sur une pause temporaire, dans laquelle 40 otages particulièrement vulnérables, des personnes âgées et malades et quelques femmes, seraient libérés pour une cessation des hostilités de six semaines.
M. Blinken a réaffirmé l’opposition des États-Unis à une offensive israélienne prévue à Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza, où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés pour échapper aux bombardements israéliens.
« Une opération militaire d’envergure à Rafah serait une erreur, quelque chose que nous ne soutenons pas, et ce n’est pas non plus nécessaire pour traiter avec le Hamas », a déclaré M. Blinken lors d’une conférence de presse au Caire. L’administration Biden a invité des responsables israéliens à Washington pour discuter d’autres solutions, une réunion qui devrait avoir lieu la semaine prochaine.
Le projet de résolution américain est inhabituellement détaillé, contenant 26 paragraphes opérationnels, soulignant la demande de « l’acheminement immédiat, sûr, durable et sans entrave de l’aide humanitaire à grande échelle directement à la population civile palestinienne dans l’ensemble de la bande de Gaza ».